À la rencontre de Mélanie Cassandre Lamoureux

À l’automne 2018, dans le cadre des Mercredis agro organisés par On sème, j’ai pu entendre Mélanie Cassandre s’exprimer sur le sujet du droit à l’alimentation dans un panel qui s’interrogeait sur le rôle des villes dans le respect de ce droit humain fondamental. Sa fougue, son éloquence, sa capacité à synthétiser des concepts complexes tout en donnant envie de se mobiliser m’ont inspiré grandement et j’ai voulu en connaître davantage sur ses motivations. Ce printemps, après avoir demeuré en contact, j’ai accepté son invitation à réaliser une facilitation graphique (sketch note) pendant le Symposium du Regroupement des cuisines collectives du Québec. Je parie que les réponses ci-dessous vous donnerons vous aussi d’en savoir plus sur le RCCQ et le droit à une saine alimentation.

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Je suis chargée de projet au développement et à la mobilisation des régions au Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) depuis cinq ans.

Concrètement, cela signifie que je soutiens et accompagne la concertation des cuisines collectives dans une perspective régionale afin qu’elles puissent s’entraider, s’alimenter, se solidariser et briser leur isolement. Je travaille aussi pour qu’elles soient plus visibles, mieux reconnues, plus fortes et mieux financées.

Sinon, je suis dans le mouvement des cuisines collectives depuis près de 20 ans, ayant d’abord été animatrice de groupes de cuisines collectives dans une organisation locale de Montréal.

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

  • La transformation sociale, par, pour et avec les personnes engagées dans le mouvement.

  • Travailler de manière collaborative en appliquant les principes de l’intelligence collective.

  • Apprendre et permettre d’apprendre.

  • Aider les personnes à avoir plus de pouvoir personnel et collectif.

  • Défendre le droit à l’alimentation et l’autonomie alimentaire.

  • Contribuer à quelque chose de plus grand que moi-même.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Je souhaite que la société québécoise exige de ses gouvernements (fédéral, provincial et municipal) que le droit à l’alimentation soit reconnu, respecté, garanti et mis en œuvre.

Nous nous sommes collectivement dotés de systèmes d’accès (presque) universels à la santé et à l’éducation. Il est paradoxal et incohérent que ce ne soit pas le cas pour l’alimentation alors qu’il faut bien manger pour être en santé et qu’on n’apprend pas quand on a faim.

D’ailleurs, ne dit-on pas si justement : «que ton alimentation soit ta médecine.» (Hippocrate) et que « ventre affamé n’a pas d’oreilles? »

J’ai très hâte au jour où nous cesserons de mettre le pouvoir et le profit avant les personnes et la planète.

À l’heure des changements climatiques, il est impératif d’opérer un virage majeur : nous devons mettre un terme à la déresponsabilisation organisée et érigée en système, organiser la décroissance et abolir l’obsolescence programmée.

Aussi, cessons de refiler la responsabilité des échecs des systèmes aux personnes. Pour chaque problématique systémique, la solution doit être systémique et non individuelle.

Nous devons mettre en place un système générateur de bien-être collectif et pour y parvenir, la transformation de nos systèmes alimentaires mondiaux est requise. 

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

Que toute personne, j’insiste sur « toute personne », sans discrimination, ait un accès physique et économique à l’alimentation dans le respect de ses valeurs, croyances, identité et condition. Que les personnes puissent contribuer à la co-construction d’un système alimentaire qui respecte le droit humain à l’alimentation et le vivant.

5. Quels sont les trois produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

  • Sans surprise, du sirop d’érable!

  • Les herbes salées du Bas-du-Fleuve (ça fait des années que je n’utilise plus la poudre chimique jaune qui est censée avoir un goût de poulet);

  • De la farine de sarrasin, ben oui, je capote sur le sarrasin.  

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire, ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s’agirait-il?

Dans le monde des cuisines collectives, je suis en admiration devant Nathalie Lanctôt du Centre le Bourg-joie dans la Capitale-Nationale et devant Josée di Tomasso du Centre d’entraide Racine-Lavoie dans les Laurentides. Elles m’inspirent car elles reconnaissent à toutes les personnes une intelligence, une expérience et une valeur sans égard au revenu, à la scolarité, à la profession ou à la condition sociale. Par leur approche, elles favorisent l’épanouissement des personnes qu’elles accompagnent et contribuent au mieux-être de leur collectivité.

Je suis aussi fan de Jessica Dufresne, avocate et candidate au doctorat en droit à l’Université d’Ottawa, dont la thèse porte sur le droit à l’alimentation. C’est une femme brillante et militante, énergique et passionnante. Chaque conversation avec Jessica est une nouvelle occasion pour apprendre.


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Pour en savoir plus
Regroupement des cuisines collectives du Québec
Page Facebook du RCCQ

Signez la pétition exigeant la reconnaissance du droit à une saine alimentation dès maintenant!

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