À la rencontre de Julie Aubé

Je ne me rappelle plus dans quel événement agroalimentaire j’ai rencontré Julie pour la première fois, mais je me souviens que depuis le début, j’ai compris qu’elle avait une compréhension systémique et une réelle appréciation du système agroalimentaire québécois. Vous le lirez ci-bas, Julie arrive à mettre en mots (et en événements!) l’importance de créer des espaces de rencontres, d’expériences positives et d’apprentissages, pour créer des liens avec les gens, les lieux et les produits qui forment avec nous, le système alimentaire. Il y plus de deux ans maintenant, j’ai eu le plaisir de créer des illustrations pour sa série d’événements Prenez le champs!. Je suis heureuse aujourd’hui de vous partager les réponses évocatrices et inspirantes de Julie à mon questionnaire éclair. Bonne lecture!

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Je suis nutritionniste depuis 2006. J'ai toujours travaillé en communications, en axant mes messages sur le plaisir de cuisiner et de bien manger.

Or, j'ai le « bien manger » large! Bien sûr, « bien manger » se réfère aux saveurs et à la qualité nutritive des aliments... mais pour moi, l’expression rime aussi avec une sensibilité aux impacts environnementaux et socioéconomiques de nos choix alimentaires. Rapidement, l'agrotourisme m'est apparu comme un outil formidable, accessible à tous, pour se forger une sensibilité alimentaire tout en ayant du plaisir, en faisant des rencontres inspirantes et en savourant le territoire.

En 2010, j'ai créé mon site JulieAube.com qui me permet de partager à la fois de l'inspiration pour cuisiner les saisons et des articles pour partir à la découverte du Québec gourmand. Je collabore comme rédactrice à différents sites Web et magazines. Je donne des conférences abordant les bonnes raisons d'être agrotouriste ainsi que l'alimentation en fonction des saisons.

En 2016, j'ai publié le livre Prenez le champ! aux Éditions de l'Homme, une collection de portraits de fermiers et d’artisans gourmands inspirants qu'on peut visiter.

Un an plus tard, en 2017, je lançais les Événements Prenez le champ!, des journées hors de l’ordinaire qui font vivre aux participants une expérience mémorable en misant sur la transmission et sur les rencontres de qualités entre mangeurs et agriculteurs. Ces événements sont maintenant articulés en quatre programmations saisonnières par année!

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

  • Parler de nourriture du matin au soir! :) Mais aussi :

    • Apprendre tous les jours, les bottes dans le champ et les cheveux dans le vent.

    • Avoir le grand privilège de parcourir et savourer le territoire.

    • Rencontrer des gens qui m'inspirent et contribuer à les faire connaître.

    • Créer du mémorable agroalimentaire susceptible d’influencer positivement les habitudes d'achats et les réflexes de consommation.

    • Avoir le sentiment d'être utile, et chercher constamment à l'être davantage.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Contribuer à (re)tisser des liens entre les mangeurs et les gens passionnés et passionnants qui nous donnent accès à une alimentation locale de qualité. Ce faisant, stimuler l'intérêt pour une agriculture qui nous nourrit aujourd'hui et qui nous nourrira encore demain. Et encourager les mangeurs à s’y attacher, à la valoriser.

Cela s'inscrit dans une mission plus large de participer à construire un système alimentaire vivant et nourricier pour la proximité, vert et fier de son identité et de sa saisonnalité, créatif et généreux non seulement en récoltes, mais en saveurs et en sens.

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

La déconnexion. Pour plusieurs, l'agriculture est loin des yeux... et loin du cœur. On connaît le proverbe!  

Jacques Cousteau a dit : « On protège ce qu'on aime, et on aime ce qu'on connaît ». Pour prendre soin de notre système alimentaire et de notre agriculture durable locale, il faut d'abord les connaître. S'y intéresser, être curieux, enrichir sa culture alimentaire. On devient alors peu à peu plus sensibles, attachés et reconnaissants. En (re)tombant amoureux de notre territoire et de ceux qui le cultivent tout en le vitalisant, ils deviennent "près du cœur" et on cherche à mieux en prendre soin. On comprend que manger est un acte agricole, comme le dit Wendell Berry, et que nos choix quotidiens ne sont pas anodins. On devient plus engagés et désireux que nos achats et nos assiettes soient en harmonie avec nos valeurs.

Se reconnecter pour mieux se connaître, s'apprécier, s'attacher et prendre soin les uns des autres entre mangeurs et agriculteurs. C'est simple, et à la fois révolutionnaire.

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

Aucun aliment ne se trouve « toujours » dans ma cuisine. Tout évolue selon les arrivages et les saisons! Les produits changent au fil des semaines, selon ce que je trouve dans mon panier bio (que je reçois été comme hiver), des récoltes au jardin et des fermes ou des marchés que je visite.

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s'agirait-il?

Laure Waridel. Pour l'engagement « socioécologique » qui caractérise l'ensemble de son parcours, et pour réussir à le communiquer d'une façon souriante et rassembleuse. Pour avoir fait prendre conscience à tant de Québécois que les aliments nous lient à des gens et à des écosystèmes, en soulignant nos pouvoirs individuels et collectifs. Pour sa contribution à l'émergence du mouvement des paniers bio et du réseau des fermiers de famille au Québec, une solution d'approvisionnement local, durable et équitable qui doit encore grandir. Elle est un modèle de dévouement pour le bien commun, d'intégrité et de persévérance.


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Pour en savoir plus

Visitez le site web de Prenez le champ!
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